Le métier des banquiers, c’est avant tout de gérer de la data, d’en maîtriser la confidentialité, et de la valoriser.
Or, aujourd’hui, le secteur bancaire est simultanément confronté à trois défis : un resserrement monétaire dans un contexte inflationniste, ce qui comprime leurs marges ; des tensions internationales, ce qui renforce la volatilité des marchés ; et les attentes toujours plus fortes de leur clientèle en termes de digitalisation et de qualité de services.
Pour les banques, l’enjeu est donc de parvenir à exploiter au mieux ce patrimoine interne et de l’enrichir avec des données externes pour répondre conjointement à ces défis. Elles comptent notamment sur la data pour :
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- réduire leurs coûts (mutualisation des achats de données externes relatifs à l’ESG),
- gagner en efficacité opérationnelle (par exemple, en développant des plateformes de reporting réglementaires comme le stress test),
- développer de nouveaux produits financiers et de nouveaux services (notamment autour de la mobilité et de l’économie de l’usage),
- améliorer la qualité de l’expérience tout au long du parcours client en proposant des services de financement ou de paiement en marque blanche pour leurs partenaires.
Pour être en mesure d’innover dans cette économie des plateformes boostées par les données, le cloud est un incontournable vecteur d’accélération, et ce pour plusieurs raisons :
- Fonctionnellement, les fournisseurs de cloud et les éditeurs SaaS proposent d’innombrables outils, services et briques élémentaires qui permettent d’innover par assemblage en limitant les développements. La même logique peut être mise en place en interne, où le cloud favorise la standardisation, la mutualisation et la réutilisation, ce qui permet de réduire à la fois les coûts et le time-to-market.
- Techniquement, le cloud offre une architecture extensible (scalable), connectée, ouverte et nativement prête pour le streaming (données chaudes), donc idéale pour bâtir de nouveaux usages/services en temps réel. En gommant les questions d’infrastructures, le cloud permet aussi de se focaliser sur les aspects métier. Grâce au cloud, on saute l’étape du POC, où l’on s’intéresse à la viabilité technique, pour passer directement à celle du MVP, où l’on évalue la création de la valeur.
- Le cloud permet aussi d’établir un lien direct entre data et digital, deux sujets qui sont parfois traités séparément alors que leur interface offre un formidable champ d’innovation : d’un côté, le digital devient plus dynamique grâce à la data ; de l’autre, la data s’enrichit des usages digitaux. Leur rapprochement est au cœur d’enjeux très actuels comme l’IA générative, l’Open Banking, ou la digitalisation des parcours.
- Financièrement, le modèle du paiement à l’usage du cloud est un immense facilitateur de l’innovation car il permet de débuter avec des investissements modestes, d’y mettre fin rapidement si le projet n’est pas concluant ou, au contraire, de les accroître tout aussi rapidement si le succès est au rendez-vous. Ceci permet d’adopter des modèles d’innovation frugale, où les équipes bénéficient, pour faire leurs preuves, d’une grande liberté, mais d’un temps et de ressources limités sous forme de « crédits cloud ».
- Humainement, enfin, il ne faut pas négliger l’attractivité du cloud dans un contexte de pénurie de talents pour les attirer. Les banques doivent aussi considérer l’enjeu de formation continue pour la montée en compétence de leurs collaborateurs sur les services cloud liés aux données.
Pour que le cloud soit ce vecteur d’innovation, qu’il permette de créer une valeur durable grâce aux données, des transformations sont cependant nécessaires au sein de l’organisation :
- Côté DSI, il est essentiel d’accélérer le basculement d’une logique de service vers une logique de produit. Avec le cloud, elle peut développer à destination des métiers des produits data fondés sur des engagements techniques, économiques et fonctionnels. Elle doit soigner leur qualité, leur ergonomie, leur évolutivité, pour que les utilisateurs les utilisent, se les approprient et y restent fidèles. Par ailleurs, la DSI peut elle-même innover grâce au cloud et à la data.
- Côté métiers, les équipes doivent adopter une posture et une organisation tournées vers l’innovation, afin d’être en mesure de saisir les opportunités offertes par le cloud et la data… La donnée ne doit plus être considérée comme une photographie de la réalité, mais comme un matériau à la fois précieux, sensible et malléable avec lequel on peut réécrire les règles du jeu. Gare toutefois aux excès d’enthousiasme et d’initiative qui peuvent inciter au Shadow IT : entre les facilités offertes par le cloud et les risques inhérents à la donnée, la collaboration entre l’IT et les métiers est plus que jamais indispensable pour maintenir l’innovation sous contrôle.